Alors que la saison des rhumes et autres virus se rapproche, l’occasion nous est donnée de faire le bilan de (la) santé au travail.
Chaque rentrée apporte son lot de nouveautés. Celle-ci n’échappe pas à la règle avec l’entrée en vigueur, le 1er octobre, du passeport prévention. Son rôle ? Consigner les qualifications obtenues par les salariés dans le cadre des formations relatives à la santé et à la sécurité au travail. Et, à en croire le dernier rapport de l’Agence nationale pour l’amélioration des conditions de travail (Anact), certains publics gagneraient à être davantage concernés par les campagnes de sensibilisation, les politiques de prévention et autres offres de formation.
En effet, la perte de vitesse des accidents du travail (-11 %, sur une période allant de 2001 à 2019) est trompeuse. L’Anact révèle que salariés et salariées demeurent inégaux en matière de sécurité au travail. La baisse de 27 % des accidents de travail chez les hommes n’est que la part visible de l’iceberg, masquant une augmentation de 42 % des accidents chez les femmes. Femmes dont la population active n’a, elle, augmenté que de 13 %. L’explication ? On peut la trouver en analysant quels sont les secteurs les plus touchés. Santé, action sociale, travail temporaire, nettoyage : autant de domaines majoritairement féminisés et donc féminins. Mais, même à secteur égal, les femmes figurent au premier range des victimes ou des grandes absentes. Car les organisations de travail les exposent davantage, les femmes étant obligées de se couler dans un environnement où tout a été conçu pour l’homme « moyen » et, qui plus est, en bonne santé.
Une discrimination, une de plus, qui en cette rentrée nous donne envie de passer en revue cinq autres chiffres qui permettent de faire un bilan de (la) santé des salariés… comme des salariées.
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10 %, c’est la baisse d’absentéisme constatée en 2021 par rapport à 2020. Une bonne nouvelle ? À première vue, sans aucun doute. Mais, une donnée à prendre malgré tout avec des pincettes car la situation d’ensemble est loin d’être réjouissante. Le 14ème Baromètre de l’absentéisme et de l’Engagement Ayming-AG2R La Mondiale, révèle ainsi qu’en 2021 les absences restent nettement supérieures à leur niveau d’avant-crise sanitaire. Pire. Sur les dernières années, leur progression est continue, l’absentéisme ayant augmenté de 36 % depuis 2015. Celui-ci dépend surtout du taux d’engagement des collaborateurs. 34 % des salariés engagés se seraient absentés, contre 55 % des salariés peu engagés.
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L’étude, en revanche, ne dit pas si l’absentéisme est fonction ou non du nombre de jours télétravaillés. On peut néanmoins imaginer l’état de santé de télétravailleurs peinant à déconnecter complètement... 45 % des télétravailleurs seraient même en détresse psychologique, selon la dixième vague du baromètre sur l’état psychologique des salariés, publiée en juillet dernier par le cabinet Empreinte humaine. Comme si, finalement, nul ne pouvait pas avoir le beurre et l’argent du beurre. Ou, en d’autres termes, les avantages du télétravail sans ses inconvénients. Mais, comme souvent en santé, le danger est dans les excès. Aussi, les spécialistes s’accordent-ils sur la nécessité de limiter le télétravail. Un avis partagé par les nombreux salariés télétravaillant deux jours par semaine.
La punchline de l’article : Comme souvent en santé, le danger est dans les excès.
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Le gros plus du télétravail ? Permettre à chacun et chacune de concilier au mieux vie pro-vie perso. Un équilibre encore difficile à trouver pour beaucoup, comme l’indique une vaste étude dévoilée par France Info le 2 septembre dernier. 64 % des salariés français ressentiraient, en effet, du stress au travail au moins une fois par semaine. Un chiffre nettement inférieur aux moyennes mondiale et européenne, mais en augmentation de neuf points par rapport à la période pré-pandémique. En cause ? Les journées de travail à rallonge et la montée en responsabilités.
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Or, ce stress pourrait bien coûter cher et s’ajouter aux 23 milliards d’euros dépensés tous les ans par l’Assurance maladie pour couvrir les soins liés à la santé mentale. Impressionnant, ce chiffre s’explique aisément quand on sait que, chaque année, une personne sur cinq est touchée par un trouble psychique et que 20 % des arrêts maladies concernent désormais des troubles psychologiques.
La bonne pratique à adopter de suite ? La sieste !
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Pour faire face à ces difficultés, on ne rappellera jamais assez la nécessité de consulter des spécialistes ou l’importance… de faire la sieste ! Rien de mieux, en effet, que 20 minutes de sieste pour calmer son stress, comme l’a démontré une étude menée par l’Université de Chicago. Autre superpouvoir ? Faire gagner jusqu’à 35 % de productivité ! Loin de nous la prétention de venir contredire la NASA. On se contentera simplement de vous conseiller de fermer les yeux dans un environnement à la qualité de l’air aussi irréprochable que celle d’un vaisseau spatial !
Marianne Fougère